Peinture mais en fait non, 2017


La nuit, dans le bruit des pixels, les corps existent toujours mais leur manifestation semble altérée, incertaine, à la limite de la perte. En allant à l’encontre de la définition même de la photographie « écrire avec la lumière », Charlotte Mano expérimente une nouvelle forme de vision et invite son spectateur au lâcher prise d’une interprétation littérale de sa photographie. Celui-ci se voit contraint d’abandonner une stérile signification référentielle et est obligé d’accepter que le noir complet soit le catalyseur d’une nouvelle approche imaginaire voire poétique. Les matières s’entremêlent et se répondent si bien que l’on se perd dans celle du corps, celle de la nuit, celle de l’image.


Ainsi nous rentrons dans un rapport sensuel à l’image : la contrainte de la visibilité oblige à « déchiffrer » l’autre, à le « voir », dans sa présence fragile. Ces pixels qui deviennent l’ADN visible de l’image, sèment le trouble chez le regardeur: Peinture ? Pointillisme ? Image 3.0 ?
Pourtant, l’artiste n’entend pas vouloir nous duper. En modifiant les capacités techniques de son appareil numérique, Charlotte a pu capturer l’essence même de l’image, la « substantifique moelle « (Rabelais) et jouer des codes de la peinture et de son imaginaire. Visages masqués, ornementations, portraits flamands, la dimension spéculative d’une image est une question centrale dans son travail. Aussi, l’expérience de prise de vue originale et son tirage UV sur aluminium brossé finit d’axer le langage de l’artiste dans l’exploration photographique, tant d’un point de vue formel que conceptuel.

« Vers la source de l’imaginaire, la source bouillonnante, inconsciente, où les images naissent et meurent, où rien ne se perd, rien ne s’oublie, rien n’est jamais au passé. » Régis Durand

with Muriel Nisse, Mask maker

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